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Un retour attendu en France Ginette Reno

 

À l’aube de ses 70 ans, Ginette Reno retourne en France. La grande interprète sera de passage dans l’Hexagone d’ici quelques semaines pour y présenter Le livre de la lumière et un nouvel album de succès. Le Journal l’a rencontrée chez elle.

Ginette Reno est une femme occupée. Quand elle n’est pas à préparer son grand retour en France, la chanteuse travaille sur un nouvel album anglophone, en plus de faire la promotion d’un nouveau livre. Pour parler de cet automne chargé, l’artiste a reçu l’équipe du Journal dans sa demeure de Boucherville.

En entrant dans la maison, on se trouve devant l’immense escalier central et son énorme mur où sont accrochées de nombreuses toiles, dont certaines ont été peintes par la chanteuse elle-même. Et tout en bas, on peut voir une étagère où sont exposés quelques-uns des trophées remportés par l’artiste depuis le début de sa carrière.

Après une courte séance de photos, Ginette­­ Reno s’installe dans sa cuisine, prête pour l’entrevue. En presque 90 minutes d’entretien, elle nous parle de ses 1001 projets, nous faisant même écouter au passage des chansons inédites qu’elle­­ a enregistrées avec Lynda Lemay­­ et Paul Daraîche. Discutant généreusement, tout en s’amusant avec son chien Jésus («c’était le nom qu’il avait déjà quand je l’ai adopté, il est né un 25 décembre»), Ginette­­ Reno s’emballe lorsqu’elle parle de son éventuel retour en France. Au moment d’écrire ces lignes, son voyage outre-mer était prévu pour novembre ou peut-être début 2016.

Artiste touche-à-tout, Ginette Reno ira visiter les plateaux de télévision pour y présenter Le livre de la lumière, une œuvre d’Alexandra Solnado qu’elle a traduite. «Je croyais me rendre là-bas pour ne parler que du livre, mentionne-t-elle. Mais on m’a dit que ce serait bien si j’avais aussi un nouvel album à présenter.»

C’est ainsi que pour marquer ce retour en France, Ginette Reno finalise présentement un album de grands succès spécialement conçu pour le marché européen. «Il y a des chansons qui ont très bien fonctionné là-bas, comme J’ai besoin de parler, et pas du tout ici. Les Français n’écoutent pas la musique de la même façon», indique-t-elle.

Dans le lot, en plus de ses succès comme L’essentiel, Un peu plus haut et Fais-moi la tendresse, elle inclura quelques pièces inédites. Parmi celles-ci, elle espère­­ pouvoir proposer le duo, On en est là, enregistré il y a deux ans avec Lynda Lemay. «C’est une magnifique chanson, dit Mme Reno. Mégo a fait les arrangements. Je l’écoute et j’en ai des frissons. Des chansons comme ça, on n’en a pas beaucoup, dans une vie.» Cette visite en France sera la première depuis 2009 pour Ginette Reno. Cette année-là, elle avait participé à la tournée des idoles, Âge tendre et têtes de bois, avec notamment Richard Anthony, Claude Barzotti et Catherine Lara. Dans le passé, elle a aussi joué à l’Olympia de Paris en 1967 et 1983.

Pour l’instant, il n’est pas prévu que Ginette Reno fasse de nouveaux concerts en France, pendant sa tournée de promotion. «Mais c’est sûr que si on me le propose, je vais y réfléchir, affirme-t-elle. Il faudrait que ce soit dans des conditions différentes… Si je le refais, ça va être plus doux.»

La chanteuse garde un souvenir pour le moins pénible de l’un de ses passages à l’Olympia de Paris, alors que son cœur s’était littéralement arrêté de battre en plein concert. «J’ai failli mourir sur scène. Je me suis dit que je ne voulais plus jamais revivre ça dans ma vie.»

Le livre de la lumière, traduit et préfacé par Ginette Reno, paraîtra le 21 octobre, aux Éditions Michel Lafon.

Bien qu’elle fête ses 70 ans en avril prochain et que sa carrière s’étende sur plus de cinq décennies, Ginette Reno affirme chanter encore «comme si c’était la première fois», à chacun de ses concerts. «Quand je le fais, tout mon être tremble. Je suis dans mon créneau, je fais ce que j’aime.»

Pour Ginette Reno, le mot «retraite» n’existe pas. Mais après avoir fait une tournée d’environ 80 spectacles, ces derniers mois, la chanteuse prévoit ralentir le rythme pour les prochaines années. «Je vais commencer à me restreindre et faire de moins en moins de concerts, dit-elle. Je suis à l’aube de mes 70 ans. Je vais y aller plus doux.»

Ainsi, dans son calendrier de spectacles pour les prochaines semaines, on ne retrouve que quatre représentations au Capitole de Québec, en décembre, et le spectacle de Skatemania, dans quelques jours.

Après 56 ans de métier, Ginette Reno ne trouve pas les concerts exigeants ni éprouvants, mais elle reconnaît qu’elle doit s’entraîner davantage pour garder la forme. «Il faut que je marche un peu. Je fais de l’aquagym, du taï-chi, des étirements. Je ne veux pas refaire une autre crise cardiaque.»

En février 2014, Le Journal annonçait que la grande dame avait subi un malaise cardiaque, alors qu’elle se trouvait en Floride. Voit-elle la vie différemment depuis ce malheureux événement?

«Oui, ça fait réfléchir, dit-elle. J’ai des prises de conscience énormes. Je suis en train de faire une fiducie et mon testament. Je finis mes affaires pour que tout soit en ordre. Je me suis dit que j’allais donner mon argent à mes enfants avant de mourir. Je veux voir ce qu’ils vont faire avec! (rires)»

Même si sa santé est bonne présentement, Ginette Reno remarque que sa voix commence à lui jouer des tours. «J’en ai pour trois ou quatre ans et c’est fini, après. Je vais continuer de chanter, comme Gilbert Bécaud. Je vais couper ici et là et ne pas tenir les notes aussi longtemps. Mais ça m’écœure au plus grand point. Quand tu n’es plus sous la garantie et que les pièces, tu ne les trouves plus…»

Ginette Reno est désolée de voir sa voix la quitter tranquillement, car elle affirme avoir toujours le feu sacré, même après cinq décennies de carrière. «Chaque fois que je chante, c’est comme si c’était la première fois. Je me suis souvent demandé pourquoi, mais j’ai fini­­ par l’accepter. Je suis encore excitée, j’ai tout l’émerveillement, comme le feu sacré. Quand tu as ça, c’est une responsabilité énorme. C’est un poids, en même temps. C’est lourd à porter.»

En avril prochain, Ginette Reno célébrera son 70e anniversaire. Pour l’occasion, elle songe à marquer le coup en organisant­­ une grande croisière. «Je suis en train de parler de ça avec mon équipe. Je trouve que ce serait une bonne idée de faire une croisière avec un paquet de monde. Je ferais un gros show et il pourrait y avoir une belle émission de télévision qui serait tournée. J’inviterais aussi les gens du public. Ce serait: Venez fêter avec Ginette

«En 2012, avec l’annonce de la fin du monde, je voulais faire un gros party au Stade olympique, le 21 décembre. Je voulais appeler ça: Venez mourir avec Ginette! On avait eu des rencontres, mais ça n’avait pas fonctionné.»

Quel cadeau souhaiterait-elle recevoir pour son anniversaire? «J’aimerais ça faire l’amour! Mais pour ça, il faut que je sois en amour», dit celle qui n’a pas de conjoint depuis 2009.

En parlant santé avec Ginette Reno, on ne peut s’empêcher de lui demander comment elle se sent face à l’état de René Angélil, qui combat un grave cancer. En 1979, il s’était occupé, pendant un temps, de la carrière de la chanteuse, avant que celle-ci ne le remercie.

«René est un homme qui a le feu sacré, dit-elle. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui. C’est aussi un être très mystérieux, très secret, quelque part. Je crois qu’il n’a qu’un ami à qui il se confie complètement. C’est un être qui avait un sens de l’humour incomparable. Il était fou comme de la marde!»

«C’est un gars qui a toujours été très visionnaire, avant-gardiste, contemporain. Il a fait ce qu’il avait à faire. Il a six enfants. C’est un être d’une générosité incommensurable. N’oublions pas que c’est un Syrien! C’est vraiment un être exceptionnel.»

 

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